Mercredi dernier, 27 mai, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillon, Pierre Brossolette et Jean Zay entraient au Panthéon à Paris.
Le Panthéon honore aussi par des inscriptions sur ses murs des personnalités comme Georges Guynemer et Antoine de Saint-Exupéry.
Ce monument consacré à honorer les grands noms des personnages ayant marqué l'histoire de France (sauf les militaires qui y sont honorés aux Invalides, mais nous y reviendrons plus bas) a été conçu par Jacques-Germain Soufflot et les travaux de construction débutèrent en 1764 - première pierre posée par Louis XV. Le nom donnée est alors l'Eglise Sainte-Geneviève (nous sommes sur la colline Ste-Geneviève).
Cela devait être une église à l'origine (suite à un voeu du roi Louis XV) - et Soufflot emprunta plusieurs styles différents (gothique, corinthien, byzantin, classique, ...) pour la création de ce monument de 110 mètres de long sur 84 mètres de large qui a la forme d'une croix grecque à l'intérieur et qui possède un magnifique dôme haut de 83 mètres (en fait une triple coupole dont on ne voit que la dernière - système pour soulager le poids de l'architecture). Et une immense crypte aussi longue et large que le bâtiment est également présente sous celui-ci.
Les travaux se terminent en 1790, dix ans après la mort de Soufflot.
Le 4 avril 1791, l'Assemblée Constituante (née en 1789 suite aux Etats Généraux) décide que ce monument sera consacré à honorer les Grands Hommes.
On débaptise l'Eglise Sainte-Geneviève pour lui donner le nom de Panthéon. C'est la mort de Mirabeau, le 2 avril 1791, qui donne ''l'idée'' de rassembler en un même lieu - temple laïc et républicain - les sépultures des personnalités exceptionnelles qui ont contribué à la grandeur de la France. La proposition de loi a été faite par Emmanuel Pastoret. Le bâtiment est ensuite, jusqu'en 1793, remanié et modifié pour obtenir la forme actuelle qu'on lui connait aujourd'hui.
Sous Napoléon 1er, le Panthéon redevient l'église Sainte-Geneviève. Elle reçoit les sépultures des grands serviteurs de l'Etat dans la crypte et des cérémonies religieuses catholiques ont lieu également.
L'église Sainte-Geneviève restera consacrée au culte catholique sous la Restauration (Louis XVIII et Charles X) avant que Louis-Philippe 1er (roi des français de 1830 à 1848) ne redonne sa fonction au Panthéon, baptisé alors ''Temple de la Gloire''. Le sculpteur David d'Angers refait le fronton en gravant ''Aux grands hommes, la patrie reconnaissante''. Sous la 2ème République (1848-1851), le ''Temple de la gloire'' prend le nom de ''Temple de l'Humanité''.
A partie de 1852, sous Napoléon III, le Panthéon redevient Eglise Sainte-Geneviève. Et ce n'est que sous la 3ème République (1870-1940) que le Panthéon redevient Panthéon et retrouve son rôle d'origine, à savoir un lieu de sépultures pour les grands hommes (on ne parlait pas encore de femmes). Il redevient officiellement Panthéon en 1885 à la mort de Victor Hugo (22 mai) qui y sera directement inhumé le 31 mai, soit il y aujourd'hui tout juste 130 ans.
Le Panthéon est classé Monument Historique depuis 1920.
La première femme a entrer au Panthéon a été Sophie Berthelot (elles sont aujourd'hui quatre - voir plus bas).
Il y a, à ce jour, 75 personnalités honorées mais seules 71 d'entres elles ont une sépulture. En effet, depuis 1791, certaines personnalités se sont vus retirés du Panthéon (comme Marat ou Mirabeau, pourtant le premier à y entrer), ou bien des décisions de ''Panthéanisation'' ont été prises mais les transferts jamais effectués.
Parmi les personnalités honorées, il y a 6 non-français (italien, néerlandais, suisse), qui se sont tous, à leur époque, ralliés à Napoléon 1er.
Et il y a aussi trois personnes qui sont enterrés pour des raisons spéciales :
- Jacques-Germain Soufflot, l'architecte du Panthéon
- Marc Schoelcher, le père de Victor Schoelcher. Cela fait suite à une volonté commune
- Sophie Berthelot, femme du chimiste Marcellin Berthelot, aussi suite à une volonté commune (qui est mort une heure après le décès de son épouse, accablé de douleur).
Les corps de Geneviève de Gaulle-Anthonioz et de Germaine Tillon reposent toujours dans leurs cimetières respectifs.
Mais au Panthéon, il n'y a pas que des sépultures de gens honorés (Panthéonisés), il ya aussi des inscriptions rendant hommages à certains ''fils de la nation'' qui sont inscrites sur les murs. Et là, on y trouve de nombreux militaires (qui ont leur Panthéon aux Invalides) dont beaucoup étaient aussi des personnalités artistiques ayant donné leur vie aux combats pendant différents conflits, et parmi eux, on y trouve Georges Guynemer et Antoine de Saint-Exupéry.
Lorsque vous êtes face au Monument de la Convention Nationale, il y a de part et d'autre des citations se situant au-dessus de nef.
La citation de Georges Guynemer (1894-1917) est approuvée par résolution à la majorité par le Chambre des Députés et le Sénat en octobre 1917.
''La chambre civile invite le gouvernement à faire mettre au Panthéon une inscription destinée à perpétuer la mémoire du capitaine Guynemer, symboles des aspirations et des enthousiasmes de la nation''
''Le Sénat, s'associant à l'hommage rendu par le Gouvernement et la Chambre des députés pour glorifier, par une inscription au Panthéon, la mémoire du capitaine Guynemer, héros de l'air, salur en sa personne l'esprit de sacrifice, d'abnégaton et dénergie de tous les combattants de toutes les armées de la République qui, deouis plus de trois ans, sont tombés pour la patrie.''
C'est le 30 avril 1922, lors d'une cérémonie officielle que l'inscription est dévoilée, en présence du Président Raymond Poincaré.
Au Panthéon, il y a deux listes de noms d'écrivains morts pour la France (1914-1918 et 1939-1945).
La seconde, avec 199 noms, se trouvent sur la droite du monument Convention Nationale et on y retrouve le nom d'Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944). Il y a également une inscription sur un des piliers rendant hommage à Saint-Exupéry.
L'inscription a été dévoilée le 17 septembre 1965 lors d'une cérémonie avec un discours de Jean Sainteny, Ministre des Anciens Combattants.
Vous pouvez écouter ce discours en cliquant sur le lien en jaune ci-dessous.
Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
