Salon du Bourget 2015: J - 21 / Salon du Bourget 2015

Et oui, nous ne sommes plus qu'à 3 semaines de l'ouverture du Salon.

(d'après mon article original sur Space Relics)

Peu de gens connaissent Le Musée du Service de Santé des Armées qui se trouve dans le magnifique cloître du Val-de-Grâce rattaché à l'école et hôpital militaire du même nom, place Alphonse Laveran dans le 5ème arrondissement de Paris. Ce musée est dédié à l'histoire de la médecine militaire.

Ce musée a été créé pendant la Première Guerre mondiale et est rattaché à l'Ecole d'application du Service de Santé militaire au Val-de-Grâce qui a été créée en 1850, mais a été entièrement rénové, et sous sa forme actuelle, il date de 1993 (200ème anniversaire de la création du Service de Santé des Armées).

Le musée s'articule autour de quatre grands thèmes répartis dans plusieurs salles :

- Le Service de Santé des Armées (SSA) : ses différents rôles et missions, son enseignement, uniformes à travers le temps, l'évacuation sanitaire

- La recherche scientifique : composantes opérationnelles et les aspects de la chirurgie à travers l'histoire en temps de guerre

- Participation au monde civil : notamment les missions humanitaires

- Hygiène et Prévention : les maladies infectieuses

La mission principale du SSA est le soutien sanitaire des forces armées lors d'un conflit, et cela va de l'évacuation à l'hôpital, que ce soit sur Terre, Air, ou Mer. Et le visiteur pourra comprendre, et voir, tout ce qui est employé pour ces missions au travers de documents historiques, objets, uniformes, etc ... au travers des différentes salles qui présentent très souvent des objets uniques, comme cette exposition de moulage en cire de visages, de parties de visages, qui montrent l'évolution de la chirurgie maxillo-faciale pour soulager et aider ce qu'on appelait les ''gueules cassées''.

Nous y trouvons aussi une large part à la recherche et aussi, et surtout pour nous passionnés de cette thématique, une part non négligeable à la médecine aéronautique et spatiale.

Voir le sujet sur Jean Colin (qui vient de nous quitter) en cliquant sur le lien en jaune :

- Jean Colin (J-44)

Et parmi cette collection se trouve Hector le rat !

Nous sommes le 22 février 1961. Nous nous trouvons sur la Base d'Hammaguir, à Colomb-Béchar, dans le désert algérien. Une fusée-sonde de type Veronique vient de décoller avec à son bord Hector, un rat blanc, qui devient le premier être vivant envoyé dans l'espace par la France.

Après un vol de 8 minutes où il a atteint une altitude de 110 km, Hector revient et est récupéré sain et sauf.

Le Centre d'Enseignement et de Recherches de Médecine Aéronautique (CERMA) a été chargé de l'expérience - et oui, Hector n'a pas été un simple passager, mais plutôt un animal ''expérimental''.

Des électrodes avaient été placés sur le cerveau d'Hector afin de pouvoir mesurer l'activité électrique du cortex, de la réticulée mésencéphalique et des muscles de la nuque, et cette activité était transmise par télémesure depuis l'espace - c'était la première expérience de ce genre au monde.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, cela n'a pas été aussi simple de faire valider cette expérimentation, tant sur le plan technique, scientifique qu'éthique. C'est le médecin-général Grandpierre, alors directeur du CERMA, qui s'occupa du projet (le Médecin Commandant Violette avait déclaré lors du Congrès d'Astronautique de 1959, que la France était prête pour ce genre d'expériementation).

Le lancement a causé quelques inquiétudes car la veille, une fusée-sonde Veronique avait explosé au décollage.

Peu de temps avant son décollage, la partie dans laquelle était placé Hector a été rendue étanche grâce à un système de soupape bilame qui maintient la pression dans ''la cabine''. Puis se sera le décollage de Veronique V24.

(mise en place d'Hector dans la tête de Veronique)

L'altitude de 110 km n'est pas celle qui était prévue. L'objectif initial était du double, 220 km. Mais toutes autres phases du vol se passèrent bien, et on put récupérer la tête de Veronique intact (grande première aussi) et surtout Hector qui se portait bien. Toutes les télémesures ont été un succès et c'était la première fois que l'on pouvait enregistrer l'activité électrique du cerveau d'un être vivant depuis l'espace (pas sûr que les astronautes auraient accepté la pose de ces électrodes dans leur cortex).

Je ne rentrerai pas dans le détail de la mise au point et mise en place de ces électrodes, mais cela fut compliqué. Et le pauvre Hector fut autopsié quelques mois plus tard, pour l'étude de ces mêmes électrodes.

Le Musée du Service de Santé possède donc dans ses collections, la tête de la fusée-sonde Veronique ainsi que le système de maintien d'Hector dans celle-ci pour son vol historique. Un rat est en place avec ce système - s'agit-il d'Hector naturalisé, d'un autre réel rat naturalisé ou d'une ''réplique'' d'Hector (le réalisme est étonnant alors !). Il est vrai que parfois ces objets sont temporairement en exposition ailleurs et donc, si vous ne venez que pour cela, se renseigner avant.

Site du musée : Cliquez sur ce lien en jaune